Faux entrepreneurs et sociétés de façade : un phénomène mondial
Du “serial entrepreneur” Bon Levi à Belle Gibson, en passant par des sociétés fantômes au Royaume-Uni, l’itinéraire de profils qui bâtissent une crédibilité sur des fondations fragiles illustre un phénomène mondial : celui des entrepreneurs de façade et de l’économie d’illusion.

Belle Gibson, Gerald Morton, Mark J Smith... Les escrocs d'entreprise
Dans un monde où l’image et la communication pèsent parfois plus que la réalité économique, de nombreux profils construisent des parcours d’entrepreneurs sur des fondations fragiles. Sites internet léchés, références académiques mises en avant, réseaux de sociétés aux noms prestigieux : tout concourt à donner l’impression d’un succès, même quand les preuves tangibles manquent.
Bon Levi : le “serial entrepreneur” condamné
Le cas de Bon Levi, un australien, illustre la manière dont un individu peut multiplier les enseignes et les promesses. Levi s’est présenté tour à tour comme dirigeant de franchises ou de services divers, mais a été condamné à de multiples reprises pour fausses déclarations et pratiques trompeuses. Pour les analystes, il incarne le profil type du “confidence trickster” qui joue sur l’apparence de succès pour attirer la confiance.
Smith et DC Partners
En Australie toujours, plusieurs revues citent le cas d’un entrepreneur nommé Mark J.Smith se présentant comme dirigeant de structures baptisées DC Partners ou Snowgums Group. Derrière cette vitrine, les documents publics disponibles ne permettent pas d’identifier d’activités économiques significatives, si ce n’est de petites opérations locales. Des experts du secteur y voient un exemple typique de ce qu’ils appellent des “sociétés de façade”, destinées à impressionner partenaires et investisseurs potentiels. L’intéressé, qui met aussi en avant un diplôme de droit difficile à vérifier, n’a jamais réagi à ces sollicitations.
Gerald Shirtcliff : le faux ingénieur
Toujours dans l’espace océanien, Gerald Morton Shirtcliff s’est illustré en se faisant passer pour ingénieur. Ses qualifications étaient en réalité falsifiées, et des enquêtes ont révélé qu’il avait bâti une carrière entière sur des diplômes et des expériences inventés. Le scandale lié à la construction du bâtiment CTV en Nouvelle-Zélande a mis en lumière la gravité de ce type de tromperie.
Belle Gibson : l’influenceuse démasquée
Dans un autre registre, celui du bien-être, Belle Gibson a bâti une image de jeune entrepreneuse et militante de la santé alternative, avant que ses affirmations (notamment sur un cancer prétendument soigné par des méthodes naturelles) et ses engagements caritatifs ne soient contestés et jugés frauduleux. Si son univers est éloigné de l’immobilier ou des affaires, le mécanisme reste comparable : construire une crédibilité sur des récits invérifiables.
Les sociétés fictives : le cas britannique
Au-delà des individus, certains systèmes favorisent la prolifération de structures peu transparentes. Au Royaume-Uni, plusieurs enquêtes de presse ont révélé que le registre des entreprises (Companies House) abrite des milliers de sociétés fictives, parfois avec des “directeurs” qui n’étaient même pas au courant de leur nomination. Ce contexte nourrit des montages qui donnent l’illusion d’un réseau économique florissant, sans activité réelle derrière.
Un mécanisme récurrent
Qu’il s’agisse de petits entrepreneurs locaux, de figures médiatiques ou de montages administratifs, la mécanique est souvent la même :
• multiplier les noms de sociétés,
• mettre en avant des titres ou diplômes difficiles à vérifier,
• recourir à des blogs ou réseaux sociaux pour donner une légitimité publique,
• et, dans certains cas, chercher à se relocaliser dans des zones à fiscalité ou réglementation plus souple, comme Bali.
Pour les experts, ces profils constituent avant tout un risque : non pas parce qu’ils réussissent, mais parce qu’ils entretiennent la confusion entre image et réalité.
Gaëtan Dussausaye
Journaliste engagé, défenseur assumé de l’Europe des nations, des racines, et d’un ordre viril face au chaos contemporain.