CAN 2025 : Le Cameroun sombre dans une crise sans précédent
À trois semaines du coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc, le Cameroun traverse une crise majeure qui illustre parfaitement les dérives d'une gestion fédérale chaotique. Samuel Eto'o, président de la Fecafoot, vient de limoger brutalement le sélectionneur Marc Brys tout en écartant plusieurs cadres historiques de l'équipe nationale.
Un limogeage aux allures de règlement de comptes
Marc Brys, le technicien belge, a été évincé dans des conditions pour le moins expéditives. La Fecafoot lui reproche onze manquements professionnels, notamment des actes et propos irrévérencieux et de l'insubordination. Parmi les griefs : refus d'assister aux séances de travail, publication non autorisée de listes de joueurs, non-respect de la charte marketing.
Le Belge ne compte pas se laisser faire : Je ne laisserai pas faire ça. Eto'o a également remplacé tout le ministère des Sports par des personnes de son choix. C'est ridicule et totalement illégal, a-t-il déclaré à la presse belge.
Une purge qui frappe les cadres historiques
David Pagou, nouveau sélectionneur nommé dans la précipitation, a dévoilé une liste de 28 joueurs marquée par des absences retentissantes. André Onana, gardien emblématique, Vincent Aboubakar, buteur légendaire auteur du but d'anthologie contre le Brésil au Mondial 2022, mais aussi Zambo Anguissa et Martin Hongla ont été écartés.
Ces exclusions ne relèvent pas du hasard selon plusieurs observateurs camerounais. Elles sanctionnent leur prise de position dans le conflit opposant la Fecafoot au ministère des Sports durant l'ère Brys.
Un timing désastreux qui interroge
Cette crise éclate au pire moment possible. À vingt jours d'une CAN où le Cameroun nourrissait des ambitions légitimes, cette instabilité institutionnelle compromet gravement les chances des Lions Indomptables.
La presse camerounaise elle-même parle de séisme et d'atmosphère explosive. Cette nouvelle débâcle administrative illustre les travers d'une gestion fédérale qui privilégie les ego et les règlements de comptes personnels à l'intérêt sportif national.
Pagou tente de justifier ses choix : Un entraîneur doit faire des choix. Pour choisir, il faut éliminer. On a voulu faire autrement. Mais cette révolution de palais à trois semaines d'un tournoi majeur ressemble davantage à un sabotage qu'à une stratégie cohérente.
Le football camerounais, jadis symbole de réussite africaine, offre aujourd'hui le spectacle désolant d'une institution rongée par les querelles internes et l'amateurisme de ses dirigeants.